mardi 13 octobre 2009

MARTIN CIRCUS : les pionniers de la pop hexagonale !



Ceux qui pensent que le rock francais a vu son acte de naissance à la formation de groupes comme Téléphone, Bijou, les dogs ou Trust ont la mémoire courte. Si le rock a insidieusement pénétré la culture française depuis le debut des années 60, il faut bien reconnaitre que les efforts des chaussettes noires et autres chats sauvages furent aussi éphemères qu'une poussée d'acné juvénile que le mouvement twist aura bien vite aseptisé et canalisé.

Bien sur il y a eu quelques micro-phénomenes comme les premiers dutronc ou antoine, et de nombreux singles (noel deschamps, ferrer, evariste etc..) qui s'inscrivent totalement dans la mouvance rock, mais la vraie naissance du rock francais est sans doute née de mai 68, a cette époque on découvre les variations ( sorte de led zep francais incroyable), magma ( inclassable, étrange mais très influents) , triangle ( nos "zombies" a nous : groupe talentueux mais manquant de charisme pour le grand public) et les chef de file Martin circus.


Un premier album live sort en 69 "live au rockn roll circus" surfant sur l'etonnante notoriété du groupe qui béneficie d'une hype underground à l'epoque. Influencés par le soft machine ( assez flagrant sur les titres de Paul jean borowski dont la voix rapelle celle de wyatt), traffic, zappa ou les beatles psychedeliques, le groupe récoltera deux hits " le matin des magiciens" et "tout tremblant de fievre". Mais Patrick dietsch, compositeur du deuxieme tube réve de voyage en amérique et en inde, il quitte le groupe prématurément. Borowski n'y croit plus non plus et s'en va. ils ont néanmoins donné l'impulsion a leurs camarades.

La formation est alors tenue a bout de bras par Bob Brault( basse) et gerard Pisani (vents) pendant plusieurs mois. Béneficiant du statut de groupe français numero 1, Ils vont recruter de nouveaux musiciens. Un batteur énorme, René guerin, un guitariste carré mais inventif, passé par l'école du Alan jack civilisation : Alain pewzner, un clavier influencé par Brian Auger ou vanilla fudge : sylvain pauchard, et enfin, Gerard Blanc : chanteur au registre vocal extremement large, passant d'une voix susurée au cri en une seconde .

Cette nouvelle équipe sans doute au tempérament plus potache que la précedente va orienter le groupe dans une veine davantage humoristique sans abandoner pour autant la recherche musicale fixée au départ.

Cependant, si tout le monde compose dans le groupe, c'est brault et pisani (auteurs de second plan sur le premier album live) qui donnent ici la ligne directrice de l 'album "acte 2" qui sort en 1971, produit par notre phil spector francais , gerard hugé.Ce disque mélangeant free jazz, pop, blues et chanson peut être considéré comme notre "sergent pepper" français. Oui !

Le coté festif de certains titre et la présence d'instruments a vent n'ést pas sans rapeller les negresses vertes ou les groupes actuels tendances ogres de barback. La liberté de ton entre les influences anglo saxonne et l'identité française très marquée se retrouvera plus tard dans les productions des rita mitsouko. La précision des musiciens (et surtout de la section rythmique) restera une reference pour AS dragon et son producteur Bertrand Burgalat). Le coté théatral du groupe aura influencé de facon plus extreme le repertoire de Ange ou les prestations sceniques de Jacques Higelin, ou plus reccement celles d'hyperclean.

Alors qu'on tient la le fleuron de la pop française de l'époque et que l 'album est aureolé de prix, le blues joyeux : "je m'eclate au sénégal" (composition de bob brault et gerard pisani) cartonne en radio et dans les charts avec ses dissonances ses changements rythmiques et sa construction en trois parties. C'est improbable. mais la copine de cheval y est surement pour quelque chose.

Après un tel succès, le groupe perd - a tort- sa credibilité undergound et ce titre fera beaucoup d'ombre aux 17 autres compositions de l album. D'ailleurs, la maison de disque ne juge pas nécessaire d'en extraire d'autres titres et fait enregistrer beaucoup de singles au groupe pour trouver un follow - up a ce tube entre 72 et 74.
Sentant peut être que le vent est en train de tourner, Gerard pisani, une des forces créatrices du groupe (et tenant les instruments a vents) s'en va. Sans doute un peu précipitamment.

en 1973, on propose au groupe un role dans l'opera rock "la revolution francaise". Joli succès et une cinquantaine de représentations. Ils se retrouvent sur scene avec Dani, Alain Bashung, Balavoine, Hervé cristiani, antoine..et beaucoup d autres..

C'est donc presque fatigués qu'ils enregistrent leur troisieme disque " Acte 3" en 1974. un bon disque encore trés varié , mais bien en dessous d 'acte 2, et qui sort trop tard. Cela n' a de toutes facons aucune importance puisque les critiques rock de l'époque l'ont largement passé sous silence. Bob brault quitte alors le groupe.

Desormais seuls maitres a bord, Gerard blanc, Pewzner et Pauchard , excellents compositeurs par ailleurs, chercheront a maintenir tant bien que mal leur notoriété de groupe dans la seconde moitié des années 70. Une poignée de singles et des Albums de reprises ( "Marylene", "drague party") surfant sur le glam rock et la variété, et qui sont tout même bien loin du sursaut créatif des débuts du groupe. Dans les années 70, les modes passent a une vitesse accélérée. La plupart des groupes qui sont nés en même temps que martin circus n'existent plus. La scene rock a été étoufée par le systeme. Les martin sont dans une impasse. Des festival rock a partager l'affiche avec les grands noms de la pop internationale, le groupe se retrouve a faire les premières parties de chanteurs populaire de l'époque ( dave, mort shuman ..).

Le groupe parviendra néanmoins a creer la surprise avec un titre disco instrumental de 15 minutes "disco circus" en 1977. Ce titre va cartonner dans l'amerique qui n'a jamais entendu parler du groupe et ignore même s'ils sont francais. Un groupe français anonyme qui cartonne dans les clubs. Cela donnera sans doute des idées aux artisans de la future "french touch" ( Daft Punk, Justice). non?
Cependant la question qu'il est légitime de se poser : quel rapport avec le martin circus de 69 ?

Enfin, sylvain pauchard cosigne avec gainsbourg USSR USA, une balade sautillante synthetique sur fond de guerre froide en 1979 qui sera un petit tube. Le groupe enregistre son dernier album en 1980, plus audacieux, et sans reprises, avec le retour de gerard pisani en auteur et non membre du groupe. Il aurait pu leur permettre de renouer avec le public pop. Il n'en fut rien.

Le groupe va donc s'endormir de lui même dans les années 80. Sylvain Pauchard et Alain Pewzner sont appellés par leur "vieux" copain Daniel Balavoine pour une longue tournee. Gerard Blanc, désormais seul, entame une carrière solo de chanteur de variété avec les succès que l'on sait dans les années 80.

Bob Brault devient bassiste de studio. Il rejoindra Pisani au sein d'un groupe punk parodique, Bulldozer à la fin des années 70 , et accompagne toujours sur scène Richard Boringer avec son groupe Aventure. Patrick dietsch apres un album américain ( "encore") à la fleetwood mac en 1980 , rentre en france et reprend contact avec ses anciens copains et notamment Ticky Holgado (ex - manageur du groupe) avec qui il enregistre un album puis un autre sous le nom martin circus en 2001. Paul jean Borowski écrira quelques tres belles chansons pour france Gall (avant sa rencontre avec Berger ), serge koolen ( il etait une fois), et Jean noel dupré. Alain pewzner renouera avec le succès en produisant dany brillant avant de s'occuper de la carrière de Mano solo. Sylvain Pauchard produira le groupe pop les Avions dans les années 80 puis le boys band Alliage.
René guerin sera redac chef de "batteur magazine" pendant 15 ans.

On a pu également apercevoir dietsch brault et pisani en tant qu'orchestre du bal des flots bleus dans les séquences du film camping en 2007 , et cela par l'entremise d'emmanuel booz ( ami du groupe et excellent chanteur underground des années 70 ainsi que scenariste de ce film !). et depuis, Patrick dietsch a fait plusieurs apparitions en tant qu acteur dans divers films ( notamment "j'ai toujours révé d'être un gangster").

Gerard Blanc en éternel jeune homme de 61 ans, nous a quitté des suites de problemes cardiaques le 24 janvier 2009. Il avait encore beaucoup de projets et il continuait d 'enregistrer. Je lui dédie ce post.

Je vous propose donc deux series de deux emissions :

INTERVIEW DE BOB BRAULT ET PATRICK DIETSCH

Patrick dietsch est celui qui a donné l'impulsion originelle du groupe. Un aventurier qui n'a pas eu peur d'abandonner un groupe qui marche pour partir voyager (le trip des années 70 !). Il ne regrette rien ni de ce qu'il a fait ni de ce qu'est advenu du martin circus après son départ (pour le meilleur et pour le pire !)




Bob brault ( a gauche sur la photo) est un celui ( avec gerard pisani) qui peut le plus légitimer être "l'esprit" de martin circus. Il est l'auteur de "je m'eclate au senegal", leur plus celebre tube Après son départ du groupe en 75, c'est tout l'esprit contestataire et rock qui quitte les martin circus qui devient un groupe de pop plus conventionel. C' est un véritable dévoreur de musique. il m' a rejoué "je m'éclate au senegal" à la basse en m'expliquant qu'il s'etait inspiré d'un titre des mothers of invention. Puis quand je lui ai parlé du riff tres efficace de "annie christine ou patricia", il m'a repondu "normal, c est a cause de la double croche" !!




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deuxieme partie



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lINTERVIEW DE GERARD BLANC ALAIN PEWZNER ET SYLVAIN PAUCHARD



En 2005 , à L'occasion de la sortie de la compil "anthologie" , je recevais les 3 martin circus , survivants "officiels" et restés bons amis.
gerard blanc etait le plus bavard , le plus dynamique et il s'est sans doute "découvert" leader au sein des martin circus pendant les années 70 : celui qui sait apporter la bonne humeur et motiver les "troupes".
Alain , de par son experience de musicien et producteur a beaucoup de recul sur l'aventure de ce groupe.
Sylvain est peu intervenu mais j'ai senti son grain de fantaisie et son sens de l humour qu'on ressent dans ses parties de clavier. Tous s'accordent a dire que la maison de disque vogue les ont pas mal bridés a l'époque et que de toutes manière, le groupe martin circus tel qu il existait en 1971 n' aurai pu survivre très longtemps. c'etait un peu comme la devise des dinosaures : "évoluer ou mourir"..






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4 commentaires:

cozmicbeat a dit…

Merci beaucoup, "Acte II" reste pour moi un des albums les plus réussi du rock français !
Je recherche en vain depuis des années des enregistrements live des Martin Circus entre 70 et 72... Aucun tuyau ?

ludochem a dit…

en effet, ca serait très interessant de savoir... peut être demander a pewzner , le plus "ingé son" de la bande. il a peut être gardé des trucs...

ludochem a dit…

ah enchanté !! je suis déja passé sur ton blog pour ecouter zacha et le single de blues convention .. felicitations a toi et toute la blogosphere qui sort enfin de terre l'excellente production française des années 70... incroyable que tout cela passe à la trappe... j ai interviewé catharsis également, tu as vu?

cozmicbeat a dit…

Je viens de voir pour Catharsis, merci !
Par contre, c'est vrai que la nuit 70 ne répond plus (hôte introuvable...)